Noël n’est pas un vain mot chez votre Quarantenaire, aussi je vous propose en gage de mon amitié éternelle (ou tout du moins le temps que vos dés s’usent de trop), une petite chronique sur L’Empire des Cerisiers dont j’ai enfin pu achever la lecture, et même pu tester le système de jeu en tant que joueur, et qu’il était donc temps d’en faire un article ! Joyeux Noël à tous ! (Ou toutes autres festivités qui n’invoquent pas de Grands Anciens)
« Ce qui vous marque d’abord c’est que le bol de riz reste une valeur sure qu’importe où vous allez »
Fichtredieu comme cela faisait longtemps qu’un univers ne m’avait pas autant raconté de trucs en une fois et ne m’avait fait regretter de ne pas avoir assez de temps pour le lire d’une traite.
Il est un Empereur immortel et dans ce monde ce n’est pas une métaphore. Ses origines ainsi que ses premiers actes sont depuis longtemps devenus légendes car son règne semble remonter bien plus loin que ce que la mémoire des hommes puisse se rappeler. Cet Empereur a eu des filles, sans que l’on n’ose se demander comment, qui régentent l’Empire en son nom.
Ces filles sont entourées de leurs époux et des enfants de leurs époux et des descendants des enfants de leurs époux parce que si elles ne sont pas immortelles comme leur divin père, elles n’en n’ont pas moins une longévité indécente. Cette cour est appelé le Kuge et décide du sort du monde. Ce Kuge vit tourné sur lui-même, déconnecté de la réalité. Leurs décisions ne sont donc pas toujours inspirées et souvent portent plus à mal qu’autre chose.
Heureusement pour les servir, on trouve les Daimyos véritables seigneurs de guerre divisés par leurs querelles intestines mais prompt à se faire bien voir par le Kuge. Ces Daimyos sont la véritable ossature de l’Empire dont la chair est faite des nombreux samurais qui les représentent sur leurs terres.
Et enfin tout en bas, il y a le peuple. Peuple qui tente de survivre aux décisions de leurs maîtres, peuple qui aspire à un autre monde que celui qu’on leur sert et qui de l’Empereur Immortel n’en n’a jamais vu la moindre fille et n’en a donc que faire.
Dernier petit élément qui m’a vraiment plu. Le fait que plutôt que de créer un énième jdr sur l’honneur, ici le jeu fait la part belle à plusieurs mouvances philosophiques qui guident le monde. Que l’Empereur, votre Daimyo, les Kamis ou simplement l’Homme soit au centre de l’inspiration votre personnage, vous aurez l’occasion de trouver sandale à votre pied.
Vous le goûtez ce morceau de brioche vapeur qui va titiller vos sens ? On a affaire à un univers riche en surnaturel tout en gardant un glaçage sociétale qui se veut simple dans sa compréhension tout en possédant assez de zone d’ombre pour faire naître une gamme. Et bonne nouvelle avec ce que le livre vous propose, le Mj peut sans soucis aborder une partie avec ces joueurs.
« Ne me parle pas des bakenokos veux-tu ! Hier j’ai chassé un tanuki et on a fini ivre morts »
Pour ce qui est surnaturel, bon y a déjà l’Empereur mais l’univers ne commence ni ne finit par lui. Il reprend des esprits plus ou moins puissants qui ont façonnés notre monde et continuent de le faire. L’auteur nous le fournit en mode narration légendaire. En soit l’histoire ne cherche pas à inventer un monde mais reprend les codes du Shintoïsme à la sauce Empire des Cerisiers. Du coup soit vous êtes hermétiques à ce folklore (et vous n’avez pas pledgé le jeu ou vous ne comptez pas y jouer qu’on soit d’accord) soit vous y êtes sensible et vous allez pouvoir en bonus améliorer votre culture personnelle.
Pour ce qui est du monde spirituel du quotidien (J’entends par là ce que le commun des gens peut rencontrer), on est en terrain familier. L’inspiration est japonaise et ne jure donc pas avec l’univers. C’est bien décrit, ce n’est pas un bestiaire exhaustif et comble du bonheur by le Quarantenaire j’ai enfin pu retrouver le Akaname ! (Allez taper sur google et amusez-vous… C’est l’esprit pour faire peur aux petits enfants qui refusent de laver la baignoire). Le tout baigné dans des dessins entre coloration onirique et trait délicat.
Et enfin comment ne pas aborder le mystère du monde sans parler de l’ïle au nord de l’Empire peuplé d’autochtones inspirés de « Princesse Mononoke » qui m’ont autant fait rêver que fasciner. Le chapitre sur l’ïle n’est pas immense mais il se suffit pour projeter mon esprit dedans et entrevoir les contours de ce que j’aurais à raconter.
« Lorsque tu engages un conflit, l’important est de savoir ce que tu demanderas, ce que tu voudras et ce que tu peux sacrifier. »
Je propose qu’on passe au système de règles et à la création de personnage, chapitre épineux chez moi (en général).
Le jeu se veut sobre, vous jetez 2 D6 et vous y additionnez les points bonus, vous réussissez si vous dépassez la difficulté. Aussi simple que ça.
Je ferai l’impasse sur le système de magie et sur l’effet des voies philosophiques parce que je n’ai pas encore pris le temps de les lire (en terme de règles) mais qui à vue d’oeil reste dans la même logique.
Pour ce qui est de la création de personnage, c’est tout aussi sobre. Vous choisissez tout d’abord des « champs » qui définissent les facettes de votre personnage comme : commerçant,bushi voire courtisan et peut-être même shaman. Ces champs, en accord avec le Mj, définissent non une compétence mais un ensemble de compétences que votre personnage connaît dans le cadre de ce métier. Après tout si vous êtes bushi, vous pouvez dire à votre Mj que votre « Champ bushi » peut s’appliquer pour rosser les malandrins mais aussi pour connaître la réputation du Daimyo.
Ensuite viennent les spécialisations qui augmentent le bonus aux jets de dés si vous utilisez tel ou tel « type » de compétence (ce qui va vous obliger à définir plus en détail votre champ). Et enfin viennent les avantages et désavantages qui s’écrivent aussi en accord avec le mj et vous apportent un modificateur négatif ou positif selon la situation. La somme de ces bonus s’ajoute au D6 et vous aide à réussir ou rater vos jets.
Rassurez-vous y’a des listes (succinctes) pour vous aider à gérer le tout. C’est pas parfait comme liste mais elle a le mérite d’exister. Personnellement la poésie, que je n’ai pas vu venir, est d’avoir pu écrire « Sang de fourrure » pour définir que mon personnage avait un don avec les animaux plutôt que « Ami des animaux », j’avoue c’était plus joli !
Le défaut de ce système est qu’il demande de la mise au clair entre joueurs et Mj et que cela peut vite tourner à la discorde en cas de désaccord sur ce que sait faire son personnage. Ca peut prendre du temps et ça va se multiplier par le nombre joueurs autours de la table. Ensuite c’est sûr que l’optimisateur des familles va tenter de maximiser ces champs et que ce sera un problème récurrent. Perso je suis partagé et j’ai le postérieur entre deux trônes. Pour l’avoir essayé comme joueur, il a permis une partie rapide presque sans trop de préparation. Mais d’un au côté, je me méfie des système à interprétation.
A chacun de juger, conclurai-je.
« Mais donc finalement, la capitale c’était bien ? »
Il me reste le scénario et j’aurai fait avec vous le tour du propriétaire. Ce scénario je l’ai fait en joueur et… Hé bien le voyage fut agréable. Je ne m’attendais pas à cela comme scénario d’introduction, un voyage dans la brume entouré de lucioles n’était sans doute pas ce que j’aurais imaginé comme premier pas dans ce monde. Mais d’avoir continué ma marche jusqu’à la conclusion, j’en suis ressorti charmé. Il y avait quelque chose de Miyazaki dans cette histoire, quelque chose de poétique dans cette nature presque souveraine que l’on ne foule qu’à ses risques et périls. A refaire, c’est par là que je ferai commencer mes joueurs pour qu’ils découvrent le ton de l’univers avec ce festival des lucioles surprenant, ça et petit père le bœuf qui aime se promener.
« La calligraphie c’est l’art des gens qui veulent que leurs mots continuent de vivre après leurs morts. Des bavards éternels en somme »
En conclusion, car j’ai longuement parlé, l’Empire des Cerisiers m’a plu presque au premier regard. Il s’est ensuite dévoilé par pages interposées avant de me permettre de jouer avec son univers avec joie. Certes le système de règle ne me convainc pas vraiment mais ce n’est qu’une étape assez vite oubliée. JE vais devoir attendre maintenant pour pouvoir lire les autres livres, d’avoir pu les jouer, et d’enfin pouvoir vous en parler.
Bonne fêtes à vous et à bientôt pour les fiches en retard du Quarantenaire !