Entre la série “Picard”, les mangas “Leviathan” et “Dai Dark”, je suis en pleine boulimie spatiale. Tout ça ne pouvait que me donner l’envie de lire “Death in Space”
Laissez-moi donc vous proposer une petite chronique sur un jeu comme Free League sait les mettre en scène. Un concept fort : un post-apo spatial et intimiste dans un univers minimaliste nourri de pleins de bonnes idées !
Fiche technique :
Editeur : Free League
Pagination : 136 pages
Résumé :
It is a game about adventure and uncertain journeys out into the darkness of space, it is about you and your crew making a home of your spacecraft or station, in tough competition with everyone else, and most of all, it is about enduring in an abandoned frontier system where your only hope of surviving is to take any contract you can find, sometimes having to put your fate in your enemies’ hands.
“Personne ne t’entendra crier dans l’espace. C’est d’autant plus vrai quand ton commlink foire au moment où tu en as le plus besoin.”
Pourquoi l’achèteriez-vous et pourquoi pas un autre jeu ?
En trois mots : pour sa direction narrative.
Quelque chose est en train de ronger l’univers, de le corrompre et de l’amener à sa fin. Que ce soit parce que l’univers a fini de s’étendre et qu’il commence à se rétracter, ou parce qu’il existe une force par-delà les lumières des soleils… Dans tous les cas, sache-le : tout le monde s’en fout. Cette notion de fatalité est ancrée dans le récit : il n’y a pas de fin du monde à arrêter, elle a déjà eu lieu, et tout est délabré. Ce récit tient en 6 pages et il donne le fil du livre.
Comment ne pas craquer sur le “Chrome”, cet archétype qui vous permettra de jouer une I.A dans un corps partiellement organique ou le “Velocity Cursed”, qui vous permet d’interpréter quelqu’un qui se perd dans sa perception du temps, passé ou futur ?
Qui n’a jamais rêvé de récupérer une station dont l’IA a tué son précédent équipage et dont on vous jure qu’elle a été effacée ? Que les plans de votre navette, fraîchement acquise, mentionnent une pièce que vous n’arrivez pas à trouver ? Ou encore ce vaisseau fantôme émergeant d’un trou noir après plusieurs décennies d’absence, vide de tout équipage ?
Et comment ne pas se laisser corrompre par le Vide, convertir partiellement votre cerveau en ordinateur, ce qui vous permet de créer des programmes basés sur votre ADN ?
C’est ça qui me plait dans Death in Space, et aucun autre argument n’aurait pu me convaincre plus. C’est foisonnant de détails qui titillent mon imagination sans avoir besoin d’aller plus en profondeur.
Ca peut surprendre parce que c’est bourré de propositions mais qu’on ne va pas chercher à vous expliquer en profondeur. D’un autre côté, toutes ces idées n’ont pas besoin d’être détaillées. Elles vont être prises en main et utilisées par vos joueurs qui vont bâtir des histoires hautes en couleurs.
“L’Espace, l’ultime frontière… un infini dépotoir.”
Et pour le reste, me direz-vous ? Le système de règles est léger. Tout se joue au D20 avec un bonus/malus en fonction de vos quatres caracs. Vous pouvez lancer un dé en plus (en gardant le meilleur) si vous avez un Avantage approprié.
Je trouve ça un peu trop léger, mais peut-être pas assez du coup : quitte à vouloir faire simple, on aurait pu aller encore plus loin, mais bon.
Le système de récup’ (amélioration de sa base ou de son vaisseau) est du même tonneau. C’est simple, ça permet de mettre en situation un des thèmes centraux, le délabrement, sans (et c’est plutôt une bonne chose) tomber dans l’inventaire exhaustif qu’on peut trouver dans certains autres jeux.
Et enfin au niveau contexte de jeu, ils proposent un système solaire, Ténébris, qui permet de jouer directement. Sincèrement, c’est une proposition correcte dans l’esprit de l’univers.Il permettra de jouer quelques parties sans souci. Le scénario de base, d’ailleurs, vous permet d’introduire les joueurs dans le système dans un très correct bac à sable.
J’vous mets deux boulons pour la route ?
J’ai pas encore fini ! J’ai un dernier truc dans la manche : la direction artistique. Elle est vraiment cool. Elle a un côté rétro année 80 sans tomber dans le plagiat qui marche. Cette période où on aimait nous vendre des vaisseaux en ruine et des univers étouffants de noirceur. Quant aux illustrations de personnages en traits blanc sur fond noir, elles rajoutent une poisseur à l’ensemble, vraiment sympathique
En bref
Death in Space est un jeu “proposition” que j’ai vraiment aimé. Il n’est pas là pour raconter mais pour vous offrir tous les outils pour le raconter vous-même. Il ne sera pas, sans doute, l’univers d’une vaste campagne sur des années, mais il pourra embarquer dans un dernier baroud d’honneur votre groupe de joueurs dans une histoire crépusculaire spatiale et rien que ça c’est cool.
En plus, et c’est vraiment ça qui m’a plu, Death in Space nous parle de ce qu’il y a après la fin du monde. Pourquoi essayer de colmater les trous quand le reste part à vau-l’eau ? Que peut-on faire quand il n’y a plus rien à espérer ?
Bref, il manquait une dimension spatiale aux récits post-apo, et Free League a habilement relevé le défi.