Akodo Tetsuo regardait la débâcle du champ de bataille et Il n’en revenait pas. Certes le terrain était difficile, les alliés n’étaient pas de ceux aimés à la cour, mais il avait eu de jolies estampes. Devant tant de honte, il prit son katana et se prépara à faire seppuku. Mais avant de rejoindre ses ancêtres, il voulu assouvir sa curiosité et se tourna vers son yojimbo.
« Quarantenaire, je me suis toujours demandé. Ton blason qui flotte au vent… Ce sont des collines ou plus graveleux, des attributs féminins ? »
Le Quarantenaire se tourna vers son maître, il cracha sa chique de tabac en bon rônin et répondit du ton détaché genre ma-vie-mon-œuvre « Ce sont des bijoux de Tanuki, sama, et j’ai les mêmes sous le pantalon » et le Quarantenaire les lui montra.
Akodo Tetsuo en resta silencieux, tellement que lorsque ses hommes le retrouvèrent il, n’était toujours pas mort. Des années plus tard, alors qu’il était devenu moine, il murmurait encore « Si grosses… Si grosses… »
Aujourd’hui, je vais donc vous parler de « Path of Wave » le dernier complément L5R et faudra dire ce qui est, sans doute pas leur plus grande réussite. Après fallait se douter que faire un complément qui regroupe des sujets comme « Paysan ça tente » « Rônin pour une cuisine plus saine » et « Gaijin visite Rokugan en paix » en seulement un volume, ça semblait un peu juste.
On va commencer par les règles parce que je serai moins tendre avec la partie background. En pratique, vous avez tout en main pour faire de L5R un système générique. On vous donne les outils pour créer vos propres écoles, vos propres origines etc… De ce côté, sincèrement, c’est cool. C’est mettre à nu la logique des calculs et c’est les offrir aux joueurs. C’est cohérent avec le thème du bouquin qui plus est et c’est dans la logique de la gamme assez friande de mathématique appliquée.
Et maintenant c’est parti pour ce qui m’a quand-même pas mal déçu et ça c’est bien dommage…
Bon pour commencer tout n’est pas à jeter. La partie rônin est vraiment bien fichue, en fait tant qu’à faire j’aurais même aimé que le complément approfondisse ce chapitre, voire que l’éditeur fasse un « La voie du loup » et ne parle que d’eux. On vous aborde tout : de comment on se retrouve rônin jusqu’à « La cuisine de fortune ». C’est touffu, ça se lit sans soucis et on y a apprend plein de choses. Le détail va même jusqu’à expliquer pourquoi le rônin est la plus grande insulte à l’ordre céleste, j’en demandais sans doute pas tant.
Vient ensuite le passage sur l’opportunité de faire jouer des non samouraïs. Le seul sujet que j’en ai retenu est l’existence d’une secte « The Perfect Land » qui se base sur des textes apocryphes du Petit Maître pour justifier que le mérite ne vient pas de la caste mais de l’individu. Ok pourquoi pas mais les 2 pages pour en parler, me donnent juste l’impression d’une bande d’illuminés qui n’ont pas intérêt à croiser le chemin d’un samouraï. Et puis quitte à balancer des révolutionnaires, est ce que les auteurs connaissent le Kholat ? C’est sans doute pas le truc le plus fin des éditions précédentes mais au moins ça avait de la gueule. Une mafia corrompue à souhait qui veut renverser l’ordre céleste et qui gangrène tout l’Empire, c’est autre chose qu’une bande de gentils petits illuminés. Alors je vais supposer que l’éditeur les garde pour une prochaine fois, mais du coup c’est plat.
Et cette platitude, on va pas la sauver avec le chapitre sur les nations gaijins. On nous évoque (ce terme qui veut dire pour moi qu’on en parle à peine) les Ujik (Des mongols grosso modo) qui ont nourri les racines de la famille Moto et influencé le clan de Licorne, le Qaliphat (les milles et une nuit) qui se trouvent au nord de Rokugan et le Royaume d’Ivoire (Les indiens) avec qui le clan de la Mante fait du commerce. Devinez lequel a le droit à un petit chapitre… Moi j’aurais pris les Ujik parce que bon, concrètement, ils ont une sacrée influence sur un clan majeur et qu’ils sont des envahisseurs récurrents. Non, chez FFG on a préféré le Royaume d’Ivoire parce que le turban c’est cool… Remarquez que vu ce qu’ils en ont fait, au moins les Ujik sont épargnés de ce qui va suivre. Mais donc pour les deux nations non misent en avant, vous avez des règles et un back aussi sommaire que insipide.
Le Royaume d’Ivoire lui a donc droit à un chapitre… Déjà aucune carte parce que (Et je quote le livre) c’est impossible d’en faire, c’est trop grand pour des cartographes. La fainéantise éditoriale c’est dorénavant rp ! C’était déjà un problème dans l’édition précédente cela dit mais je comprends toujours pas pourquoi personne ne fait de cartes. Quitte à bombarder des infos sur les castes, le mode de vie ou les castes en plus des règles, pourquoi ne pas aider le Mj à visualiser le bousin ? Et puis on nous parle du « Ghost Land » qui sont la partie Outremonde chez le Royaume d’Ivoire. Là on mentionne la Reine des Rakshasa mais faut surtout pas rentrer dans les détails. Non mais des fois que le Mj se demande si Fu Leng il aurait une fille ou s’il s’est pacsé… Raaah mais zut quoi !
Enfin après tout ces soucis y a un setting sur un village nommé le « Twin Blessings Village » qui, concrètement, n’est pas mauvais et propose différentes pistes de scénario ainsi que des aides pour l’adapter à votre campagne. Malheureusement j’étais déjà fulminant avec le reste, j’y ai pas des masses goûté j’avoue.
Voilà c’est donc clairement pas un bon complément et j’en suis super déçu. Je craignais le bouquin parce que L5R c’est tellement Rokugan samurai centré que je voyais mal comment rendre le truc sexy et FFG a confirmé mes craintes. Il s’est planté dans toutes les largeurs pour vendre de l’encre à prix de jade. Dommage donc mais on va dire que comme c’est le premier livre qui se plante autant, on va se rassurer en se disant qu’il en fallait bien un.
Ps : Je vais quand même le souligner mais y a un vrai bon point dans toute la gamme 5è Ed et cela depuis le début. C’est l’inclusivité (de tout type) et le combat contre des jeux sexistes, racistes ou qui pourraient mettre mal à l’aise des joueurs. Encore ici quand l’encart nous met en garde contre le fait d’interpréter des stéréotypes ou de singer des accents, ce n’est pas l’objectif de L5A, et ça c’est cool. Pour ça, la gamme aura quand même toujours mon cœur !