Pax Elfica je peux tourner ça dans tous les sens pour vous faire une intro, le plus simple c’est de le dire : j’ai eu un sacré coup de coeur. J’ajouterai que s’il me fallait une campagne pour prouver que DD5 peut être autre chose que des séries de donjons bien habillés, je commencerai par lui !
On est donc parti pour une chronique sous paillettes ! Et restez car la huitième raison va vous surprendre !
Fiche technique
Editeur: XII Singes
Pagination: 400 pages
Tout d’abord, faut dire ce qui est ; le setting est alléchant
« Une ville étouffée par l’occupation elfique, le bruit de bottes des patrouilles de soldats, des arrestations abusives, des enlèvements d’enfants, des collaborateurs qui s’enrichissent, des dénonciations calomnieuses, un héros masqué qui ose se dresser face à l’ennemi : voici le contexte de Pax Elfica. Au menu : enquête, diplomatie, gestion, exploration, intrusion, escarmouches et combats de masse, dans un monde en nuances de gris. Ici, pas de héros appelé à sauver le monde, chacun doit apporter sa pierre à l’édifice. Les ennemis des PJ n’ont pas que des motivations égoïstes et leurs alliés ne sont pas complètement désintéressés. »
Avouez quand même que ça vend du lembas en paquet de quatre ! Et pour l’avoir lu, c’est totalement ça. Des elfes oppresseurs, des animaux collabos, des humains prisonniers d’enchantement, rendus incapable de sentir la douleur, des rapts d’enfants sans qu’on sache pourquoi… Ca sent bon le récit qu’on a envie de dévorer pour en savoir la fin.
Niveau règles, le jeu est motorisé, au choix soit sous DD5 soit le système maison, Clef en main. Pour ma part je me suis penché sur le volet DD5 parce que tout simplement je l’aime bien. On va retrouver les nouveaux historiques, objets magiques et sorts liés à ce setting comme dans toute bonne campagne de Donj’ et globalement les propositions sont correctes. DD5 est une excellente mouture de la franchise et les règles sont dispos gratuitement sur l’excellent site: https://www.aidedd.org/.
Petit plus, à mon goût poétique, parmi les personnages proposés, clairement certains sont d’anciens « héros » et d’autres de jeunes « rookies ». Reprenant une idée déjà vue mais toujours aussi élégante, le livre précise que les héros à la retraite perdent de leur puissance pour justifier le même niveau pour tout le monde.
En fait rien que ces deux points devraient justifier l’intérêt qu’on puisse avoir pour cette gamme. Mais le tour de main, c’est ce qui va suivre et c’est la substantifique moelle de l’ouvrage. Pax Elfica n’est pas une campagne classique (d’autant plus dans le sens D&D du terme) avec quelques embranchements, des passages obligés et globalement un voyage assez cantonné. Au contraire, Pax Elfica est ce que j’appelle une campagne organique.
Une campagne organique, c’est une campagne où l’histoire du personnage, tout en restant le centre d’intérêt, n’est qu’une des histoires de la trame. Le joueur doit avoir le sentiment qu’il ne peut pas être sur tous les fronts. En pratique ici cela se traduit par une timeline qui reprend l’évolution des différentes factions, évolutions dépendantes de l’action mais aussi de l’inaction des joueurs. C’est un sacré boulot, assez ingrat parce que chronophage tout en étant peu perceptible par les joueurs, mais qui donne toute la saveur à une histoire..
Et c’est là que Pax Elfica m’a comblé, en fournissant des outils pour alléger le boulot du Mj ! Ici chaque faction évolue dans son propre arc narratif en fonction des choix des personnages mais aussi de l’état de vos relations avec les autres factions. Autant dire exactement ce que je vous ai décrit. Petit plus, ils fournissent un calendrier avec les événements obligés et des zones libres où le Mj doit choisir ce qui se passe en fonction des besoins narratifs et/ou des retombées des événements précédents. Nickel non ?
Cette organicité est aussi nourrie par les pnj’s qui font partie des factions mais qui doivent être suffisamment individuels pour être une source d’histoire par eux-même. Tout est présenté clairement dans une avalanche de détails. Aucun Pnj n’est juste qu’une “classe de perso” ou un prétexte au scénario. Si son nom est inscrit dans le livre c’est qu’il a sa propre existence et qu’il est amené par les actes des Pj’s à s’élever en antagoniste, allié ou les deux. Cette nuance permet aux joueurs de devoir réfléchir sur plusieurs coups et donc d’amplifier cet effet organique qui rend une bonne campagne selon moi.
Dernière finition, Il n’y a pas une seule fin mais bien un nombre de fins dépendantes des différents arcs et liés aux choix des joueurs impliqués. En gros les auteurs ont plusieurs éléments de fin(s) et c’est à vos joueurs de créer la leur entre les lignes proposées.
C’est un boulot dingue pour ceux qui écrivent la campagne, c’est un sacré boulot pour celui qui se retrouve à faire vivre cette histoire mais au final c’est bien souvent ce genre de campagne dont on se souviendra. Je suis convaincu, en tout cas, que Pax Elflica rentre dans cette catégorie. Du coup, si vous cherchez quelque chose pour animer 4 à 5 joueurs autours d’une table, que vous avez de la motivation à revendre, n’hésitez pas. C’est du bonheur !
Voici donc poindre la fin de ma chronique et je n’ai pas encore dit à quel point le matos est vraiment nickel. Même les marques pages (Et on ne rit pas là au fond) sont vraiment soignés. J’ai envie de dire, voilà une campagne participative dont je suis fier d’avoir été un des participants !