Review (VF) : Nations de Théah, Vol. 1 (2/2) (7ème Mer)

Bienvenue dans la deuxième partie de la chronique !

Après avoir présenté l’Avalon et la Castille, voici les deux autres nations abordées dans ce complément.

Fiche technique

Éditeur : Studio Agate
 
Pagination : 482 pages
 
Résumé : Un vent de changement souffle sur les Nations occidentales de Théah. Les tensions s’accroissent tandis que grondent les voix d’hommes et de femmes défavorisés et éprouvés par la guerre, las du joug implacable de la noblesse. Le peuple se tourne désormais vers ce qu’il perçoit comme son seul recours : la révolte !

“Au Royaume des Sans-culottes, c’est qui qui pilote ?”

La Montaigne, c’est la nation de l’aristocratie corrompue qui boit son thé sur un cadavre du peuple. Alors je ne dis pas que la noblesse des autres pays est plus vertueuse, mais en Montaigne, c’est sa marque de fabrique. Au point qu’ils maîtrisent une magie héréditaire basée sur le sang permettant de créer des portails dimensionnels. “Bon sang ne saurait mentir”, comme on dit.

Bienvenue donc dans la nation de l’Empereur Solaire Léon (Oui, “roi” c’est pour les autres), despote d’une terre appauvrie et exsangue des différentes guerres qu’il a menées (et pas toujours gagnées. Son arrogance a poussé le Saint-Siège à le déclarer hérétique, sa fierté l’a amené à écraser son peuple jusqu’au dernier espoir, et sa malfaisance a forgé les nobles à son image. Même les mousquetaires sont passés de protecteurs du peuple aux chiens de guerre de la tyrannie.

En gros, “la Montaigne, c’est la France, oui, mais la France du Duc de Gaulle !” Sachez que le PNJ existe et qu’il est d’ailleurs un prétendant au trône impérial. J’aime tellement son patronyme que je sous-entends très souvent qu’il est général.

Quelles aventures pour vos joueurs ?

Montaigne, c’est le fossé entre les victimes et les bourreaux et tout doit le transpirer. Déjà, faites péter Versailles, que ce soit par le regard d’une noblesse dégoutée de ce qu’elle est devenue ou par le regard du peuple qui pleure de faim devant le faste de la cour.

Si vos PJ ont la haine de l’aristo, arrangez-vous pour leur présenter ceux qui combattent le système, sans oublier de montrer les bons dans les rangs des salauds. Montrez quelques insurrections matées dans l’indifférence et le sang, et lorsque tout ça sent bon le faisandé, explosez par une révolte et admirez vos PJ monter sur les barricades… Pour la Montaigne, oui, mais la Montaigne qu’ils ont choisie !

En gros, la Montaigne ça se joue dans la colère et la révolte !

Nation à sauver ou tyrannie à vaincre ?

Alors sauf si vraiment vous aimez danser le menuet en perruque tout en vous gavant de brioche, je pense pas que la question se pose. L’Empereur Léon est (spoiler !) un des plus grands vilains de Théah et doit tomber sous peine de le voir anéantir la Montaigne.

La Montaigne est faite pour vous si :

– Vous voulez endosser le prestige des Mousquetaires quitte à devoir défendre les méchants. (“Oui M. Aramis, vous avez tiré dans la foule… Oui il y avait des veuves parmi eux, mais il y avait sans doute aussi des criminels.”)

– Vous avez toujours voulu envoyer paître votre famille noble par conviction. (“Et personne, Charles, personne ne réussit en s’acoquinant avec un roturier !”)

– Vous voulez casser de l’aristo et lui faire payer pour ce que vous et vos proches avez connu. (“M’sieur de Saint-Barthe, vous allez voir, un cochon ça vous lèche les pieds comme personne !”)

– Vous avez su conserver la foi dans une nation hérétique et vous allez vous retrouver dans une révolution que vous n’avez jamais demandée. (“Moi à la base je voulais juste qu’on refasse des messes, pas décapiter des gens…”)

– Vous aimez danser le menuet en perruque tout en vous gavant de brioche. (Sans jugement.)

"Eh bien, dansez maintenant !"

Vestenmennavenjar : “Thor est devenu trader et dorénavant, ce n’est plus la foudre qu’il maîtrise, mais le cours du bitcoin.”

On finit par le meilleur, le Vestenmennavenjar. 

Imaginez des vikings ivres d’hydromel mais tout en classe malgré l’état d’alcoolémie avancée, entendez le bruit des vagues s’écrasant sur les drakkars, goûtez aux joies du pillage et finissez par un affrontement épique contre des krakens. Vous l’avez bien en tête, vous avez envie de le jouer ?

Surprise !

Les Vesten ont revendu tout ça pour devenir la nation la plus riche du continent ! Maintenant pour frissonner, rien ne vaut la spéculation sur le cours de l’or, les batailles de polochons et les soirées petits fours grandioses.

Alors oui, présenté comme ça, on est à ça d’hurler à la révolution. Mais laissez John Wick  vous expliquer le pourquoi. Avant, la nation Vestenmennavenjar survivait grâce aux rapines, parce que la glace ne nourrit pas grand monde. L’espérance de vie n’était pas terrible, on mourrait bien trop souvent et heureusement que les légendes vous faisaient croire que c’était cool.

En fait, les Vestens ont simplement décidé de vivre au lieu de survivre et ont compris comment faire. Le souci, c’est que cette prospérité a un prix, une sorte d’étrange réalité un peu terne influencée par la première et la (presque) plus malveillante des multinationales, la Ligue Vendel ! Elle est présente dans toutes les transactions sur Théah et ne jure que par le profit direct. Globalement, c’est le néolibéralisme qui n’avoue pas son nom.

On a donc affaire à une nation dont la modernité est la source du malheur d’autrui, une nation tournée vers l’avenir, avec un passé tellement cool qu’il est presque difficile de leur pardonner l’affront. 

Quelles aventures pour vos joueurs ?

Proposez le Vestenmennavenjar, à mon sens, c’est (OK j’ose la métaphore) proposer à vos joueurs de jouer des PJ dans un monde dont ils auraient pu être les aventuriers, si seulement… Un étrange sentiment doux-amer qui n’existe nulle part ailleurs.

Commencez par décrire le réconfort des villes, la vie qui s’épanouit comme un long fleuve tranquille, avant de plonger dans ce qui a été perdu. Des clameurs des vieilles légendes aux magouilles nauséabondes de la Ligue Vendel. Le tiraillement entre traditions et modernité doit être l’un des piliers de votre récit.

Qu’ils soient pillards aux côtés des réfractaires du progrès, qu’ils défendent un navire de fret contre un kraken ou qu’ils démantèlent un réseau d’esclaves de la Ligue Vendel, ils seront des héros.

Et surtout, n’oubliez pas que si la Montaigne à son Léon, le Vestenmennavenjar a son Conseil d’Entreprise ! C’est tout aussi glaçant car pour eux, les héros ne sont que des numéros sacrifiables.

Nation à sauver ou tyrannie à vaincre ?

Vous la voyez la question bien difficile à trancher ? 

Je sais pas vous dire. Enfin j’ai une piste quand même… Oui, le Vestenmennavenjar ne pourra jamais redevenir ce qu’il a été et c’est un fait établi. Le changement est là mais il faut l’empêcher de se damner complètement au nom du profit. Je dirais donc “nation à sauver”, mais j’ai conscience que parmi les connaisseurs, ce choix pourrait faire polémique !

Le Vestenmennavenjar est fait pour vous si :

  • Si vous avez adoré la série Vikings et que vous refusez de prendre des douches autrement que sous la pluie.
  • Si vous voulez faire rimer trader et éthique (c’est pas gagné).
  • Si vous voulez rencontrer Saint-Nicolas dans la toundra. (Je ne plaisante pas, il existe vraiment.)
  • Si vous ne savez pas choisir entre les trolls de trois mètres et ceux qui vous envoient des mémos insultants !
"Beau comme un bilan financier positif"

En bref

Quatre nations décrites dans ce livre et comme vous pouvez l’avoir lu, j’ai aimé mon voyage. Ce premier volume offre des réflexions sur chacune des nations, des moments d’héroïsme et des propositions d’aventure originales. J’ai apprécié le fait qu’aucune des nations décrites n’a semblé à l’arrière-plan et que chacune semble avoir bénéficié du même traitement. 

A mon coeur, allez-y, lisez-le parce qu’il ne pourra rien vous arriver de pire que de vouloir visiter Charousse, de prendre le bateau vers l’Innishmore ou de graver des runes sur les guilders. Clairement le livre donne envie de jouer plein de personnages, ou de faire jouer plein d’aventures… Et c’est tout le mal que je vous souhaite !

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